Le choléra connu sous l’appellation d’A00 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est une maladie infectieuse diarrhéique, à caractère épidémique, d’origine bactérienne. Il se définit aussi comme une toxi-infection intestinale strictement humaine, due au vibrion cholérique.
A l’aube du XIXe siècle (en 1817), le choléra avait fait des ravages sur tous les continents et sept grandes pandémies cholériques ont été connues. La progression a été facilitée par les nouveaux moyens de transports (machine à vapeur) et les nouveaux itinéraires commerciaux (canal de Suez). La septième pandémie de choléra a vu le jour dans l’île de Madagascar en Mars 1999, 30 ans après avoir infecté le continent africain. Le premier cas a été confirmé à Mahajanga le 24 Mars 1999. L’épidémie a atteint la capitale Antananarivo, et la province d’Antsiranana, puis à partir de Décembre 1999 le sud du pays dans la province de Tuléar, et finalement toute la région malgache.
Les six provinces du pays ont déclaré des cas suspects de choléra. La province d’Antananarivo, a connu trois épidémies dont le premier remontait au mois d’Avril 1999 et le dernier a pris fin en Avril 2001. La période au cours de laquelle nous avons commencé notre étude, va de Décembre 1999 à Mars 2000. Cette étude se rapporte à « L’évolution du choléra selon les terrains sur les cas admis au CHU de Befelatanana » durant la période déjà définie. En effet, la manifestation de la maladie cholérique dépend de nombreux facteurs: − le sexe.
− l’âge.
− la malnutrition.
− la grossesse.
− la situation socio-économique (habitat, niveau de vie…)
− les interférences avec d’autres pathologies (l’asthme, la tuberculose, le paludisme, l’amibiase, la bilharziose, la giardiase, la trichocéphalose…) .
− l’éthylisme.
RAPPELS THEORIQUES
DEFINITION
Diarrhée :
Selon l’OMS, c’est l’évacuation anormale de selles trop liquides ou trop molles, plus de trois fois par jour (1). Elle se définit aussi comme étant une émission trop fréquente de selles liquides ou pâteuses, due à un défaut de réabsorption de l’eau par l’intestin (2).
Epidémie :
C’est le développement d’une maladie qui atteint de nombreux individus répartis dans un même territoire donné, soumis à des influences identiques et inhabituelles (3), et pendant une période déterminée.
Endémie:
C’est la présence habituelle d’une maladie dans une région géographique donnée, et qui s’y manifeste d’une façon constante, et à longueur d’année (4).
Pandémie :
C’est une épidémie qui frappe pratiquement tous les individus d’un pays, atteint d’autres pays, voire s’étend à l’échelon mondial (4).
Cas suspect:
Un cas est dit suspect si dans une région épargnée ou infectée de choléra, un malade âgé de 2 ans ou plus:
– présente un épisode aigu de diarrhées avec ou sans vomissement.
– meurt d’un épisode aigu de diarrhées aqueuses.
La définition d’un cas suspect proposée par l’OMS: « Tout cas de diarrhées aiguës aqueuses d’apparition brutale chez un sujet de 2 ans et plus. » (5).
Choléra confirmé :
Le choléra est confirmé lorsque l’agent pathogène a été isolé du diarrhéique dans les laboratoires (6) (7).
BACTERIOLOGIE
Agent pathogène
L’agent responsable du choléra se nomme: Vibrion Cholérique. Il a été découvert en 1883 par Robert Koch. Le vibrion cholérique est un bacille Gram (-), bacille très mobile par son flagelle polaire, incurvé en virgule ou droit, antigénique et thermolabile. Il se développe à la température comprise entre 30°C et 37°C et à pH optimum 8 et se détruit à la température de 60°C. Il appartient à la famille de Vibrionaceae et ayant comme genre : vibrio cholerae (6) (8) (9). Seules quelques souches de l’espèce sont responsables du choléra, dont les souches qui appartiennent aux sérogroupes O: 1 et O: 139.Aujourd’hui, on a pu identifier plus de 155 sérogroupes O (10). Les autres souches ne provoquent uniquement que des diarrhées simples ou sporadiques, des abcès, ou des septicémies.
Différentes souches responsables du choléra :
Les souches aux sérogroupes O: 1 peuvent être classées selon leur biotype:
– O: 1 biotype classique: responsable de la cinquième et sixième pandémies.
– O: 1 biotype El Tor: responsable de la septième pandémie.
Parmi les souches de sérogroupes O: 1, on a pu en tirer 3 sérotypes:
– Ogawa.
– Inaba.
– Hikojima.
Les souches aux sérogroupes O: 139 n’ont pas été encore découvertes .
A Madagascar, le vibrion cholérique isolé dans les laboratoires de l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM ), est de type O: 1, biotype El Tor, sérotype Ogawa (souche identique à celle des Comores qui circulait depuis 1998 .
PHYSIOLOGIE
Physiologie de l’intestin
Le tube digestif est colonisé par une population de 10¹⁴ micro-organismes. Elle est représentée par plus de 400 espèces et peut être subdivisée en:
– flore normale ou résidente constituée par les bactéries anaérobies.
– flore de passage ou de transit constituée par les bactéries aéro-anaérobies (20).
En dehors de tout phénomène pathologique, cette flore n’exprime pas de pouvoir pathogène. Cette population forme un véritable écosystème intestinal. Cet écosystème, outre de nombreuses fonctions (digestion des aliments et absorption des nutriments au niveau de l’intestin grêle : normalement, il y a une sécrétion et absorption de plus de 10 l /jour à partir des villosités de l’intestin grêle et seuls 100 ml sont perdus par jour dans les selles.), a la capacité d’inhiber l’implantation et la multiplication des bactéries exogènes, formant ainsi une barrière (10) (21).
Au sein de cet écosystème, coexistent de nombreux phénomènes:
– phénomène synergique,
– phénomène inhibiteur.
De ces deux phénomènes résultent une compétition entre les substrats et les sites d’attachement; une production de toxine par les bactéries, une synergie par l’échange de métabolites et de facteurs de croissance.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS THEORIQUES
I-Définitions
I.1-Diarrhées
I.2-Epidémies
I.3-Pandémie
I.4-Endémie
I.5-Cas suspect
I.6-Choléra confirmé
II-Bactériologie
II.1-Agent pathogène
II.2-Différentes souches responsables du choléra 4
III-Epidémiologie
III.1-Réservoirs
III.1.1-Homme
III.1.2-Milieu aquatique
III.2-Mode de transmission
III.2.1- La transmission directe
III.2.2- La transmission indirecte
III.3-Facteurs favorisants
III.3.1- Le sexe
III.3.2- L’âge
III.3.3- La densité populaire
III.3.4- Les facteurs socio-économiques
III.3.5- Les facteurs culturels
III.3.6- Les facteurs géographique et climatique
IV-Physiologie
IV.1-Physiologie de l’intestin
IV.2-Rôle de l’eau et des électrolytes
IV.2.1-Rôle de l’eau
IV.2.2-Rôle des électrolytes
IV.2.3-Répartition dans l’organisme
IV.2.3.1- L’eau
IV.2.3.2- Les électrolytes
V-Physiopathologie de la diarrhée cholérique
V.1-Physiopathologie de la diarrhée infectieuse
V.2-Physiopathologie de la diarrhée cholérique
VI-Clinique
VI.1-Symptomatologie clinique
VI.1.1-Forme classique
VI.1.1.1-Incubation
VI.1.1.2-Début
VI.1.1.3-Période d’état
VI.1.2-Autres formes
VI.1.2.1-Formes mineures
VI.1.2.2-Choléra sidérant
VI.1.2.3-Cholérine
VI.2-Complications
VI.2.1- La déshydratation
VI.2.2- La malnutrition
VI.2.3- L’avortement
VI.2.4- L’anurie
VI.2.5- L’œdème aigu des poumons
VI.2.6- Le syndrome de sevrage
VII-Diagnostic
VII.1-Diagnostic clinique
VII.2-Diagnostic bactériologique
VII.2.1-Examen bactériologique direct
VII.2.2-Examen bactériologique indirect
VII.3-Diagnostic sérologique
VII.4-Diagnostic différentiel
VIII-Traitement
VIII.1-But
VIII.2-Prise en charge des diarrhées cholériques
VIII.2.1-Bilan de déshydratation
VIII.2.2-Réhydratation du malade
VIII.2.2.1- Plan A
VIII.2.2.2- Plan B
VIII.2.2.3- Plan C
VIII.2.3-Maintien de l’hydratation
VIII.2.4-Administration d’antibiotique par voie orale
VIII.2.4.1-Intérêt de l’antibiothérapie
VIII.2.4.2-choix d’antibiotique
VIII.2.5-Alimentation du malade
VIII.2.6-Médicaments à proscrire
VIII.2.7-Eléments de surveillance
IX-Prophylaxie
IX.1-Mesures de salubrité publique
IX.1.1-Assainissement
IX.1.2-Hygiène
IX.2-Vaccins anti-cholériques
IX.2.1-Vaccins classiques sous cutanés
IX.2.2-Vaccins inactivés oraux
IX.2.3-Vaccins vivants oraux
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I-Objectifs
II-Matériels et méthodes
II.1-Matériels
II.1.1-Cadre de l’étude
II.1.2-Dossiers des malades
II.2-Méthodes
III-Observations
IV-Récapitulation des observations de tous les cas diarrhéiques
IV.1-Répartition des cas diarrhéiques selon l’âge
IV.2-Répartition des malades selon le sexe
IV.3-Répartition des malades selon les terrains
IV.4-Répartition des malades selon l’issue
IV.5-Répartition des malades selon les complications
V-Evolution des cas
V.1-Issue du choléra selon l’âge
V.2-Issue du choléra selon le sexe
V.3-Issue du choléra selon les terrains
V.3.1-Les terrains gynéco-obstétricaux
V.3.2- Les terrains parasitaires
V.3.3- Les terrains infectieux
V.3.4- Les terrains pathologiques associées
VI-Discussions/Commentaires
VI.1-Age
VI.2-Sexe
VI.3-Terrains
VI.4-Issues
VI.4.1- L’issue du choléra selon l’âge
VI.4.2- L’issue du choléra selon le sexe
VI.4.3- L’issue du choléra selon les terrains
VI.4.3.1- Les terrains gynéco-obstétricaux
VI.4.3.1.1- La guérison
VI.4.3.1.2- Le décès
VI.4.3.1.3- Le transfert
VI.4.3.1.4- L’évasion
VI.4.3.2- Les terrains parasitaires
VI.4.3.2.1- La guérison
VI.4.3.2.2- Le décès
VI.4.3.2.3- Le transfert
VI.4.3.2.4- L’évasion
VI.4.3.3- Les terrains infectieux
VI.4.3.3.1- La guérison
VI.4.3.3.2- Le décès
VI.4.3.3.3- Le transfert
VI.4.3.3.4- L’évasion
VI.4.3.4-Autres terrains pathologiques
VI.4.3.4.1-Les terrains cholériques simples
VI.4.3.4.1.1- La guérison
VI.4.3.4.1.2- Le décès
VI.4.3.4.1.3- Le transfert
VI.4.3.4.1.4- L’évasion
VI.4.3.4.2- Les terrains à pathologies associées
VI.4.3.4.2.1- La guérison
VI.4.3.4.2.2- Le décès
VI.4.3.4.2.3- Le transfert
VI.4.3.4.2.4- L’évasion
VI.5-Complications
VI.5.1- La Déshydratation sévère
VI.5.2- Le syndrome de sevrage
VI.5.3- L’insuffisance rénale
VI.5.4- L’œdème aigu des poumons
VI.5.5- L’occlusion intestinale
VII- Les suggestions
VII.1-Information-Comportement-Communication
VII.2-Respect de l’hygiène dans tous les domaines
VII.2.1-Hygiène individuelle et corporelle
VII.2.2-Hygiène alimentaire
VII.2.3-Hygiène collective et environnementale
VII.3-Installation d’unités spéciales réservées aux malades affectées d’une maladie épidémique
CONCLUSION
ANNEXES
