La santé est un secteur très important dans les politiques des pouvoirs publics dans le monde. Elle constitue en effet une composante essentielle de développement économique et social pour les populations. Dans les pays en voie de développement, la santé maternelle et infantile est particulièrement ciblée par les politiques de santé. Depuis que l’Etat du Sénégal a ratifié la déclaration d’Alma Ata en 1978, les autorités se sont engagées à améliorer la santé des populations notamment celle de la mère et de l’enfant. D’importants efforts sont consentis pour fournir une couverture sanitaire de base. Dans ce but, les autorités multiplient les infrastructures sanitaires et se fixent des objectifs qui cadrent avec les objectifs du millénaire pour le développement (OMD santé). D’ailleurs l’objectif 4 des OMD est de réduire de deux tiers entre 1990 et 2015 le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans . Cependant, malgré les efforts les problèmes demeurent.
Mener une étude géographique sur la santé infantile est donc d’un intérêt capital. En effet, dans le cadre de la promotion de la santé, il est devenu important, tant au plan international que local, de se doter d’un ensemble d’outils et de données pour mettre en œuvre une politique de santé. La géographie de la santé possède des indicateurs pertinents, des données et des connaissances pour l’éducation et la promotion de la santé. D’ailleurs, il existe de nos jours de nombreuses études géographiques qui montrent qu’il ya une nette relation entre les questions de santé et l’espace. D’abord, un ensemble de faits spatiaux culturels et sociaux expliquent les disparités de santé selon les espaces. Mais aussi la répartition géographique de l’offre de soins a un impact sur le recours.
PROBLEMATIQUE
Objectif de la recherche
L’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant est inclue dans le vaste programme nommé Santé de la Reproduction. La Santé de la Reproduction figure en premier plan dans les politiques internationales et nationales car, elle est un moyen de réduire la mortalité au sein de ces groupes. L’ONU a dans ce but organisé une série de conférences qui a eu pour effet la prise de conscience par les politiques internationales du droit au bien-être et à la santé pour tous, notamment pour les femmes et les enfants. Outre celle du Caire en 1994, il y a eu celle relative aux droits humains à Vienne en 1993, le sommet sur le développement social à Copenhague en 1995 et le quatrième qui a été organisé à Pékin en 1995 (ASHFORD & MAKINSON, 1999).L’élément commun de ces réunions a été la promotion des droits de la femme en particulier leur santé qui demeure indissociable de celle de leurs enfants. Il s’agit de favoriser des conditions dans lesquelles les femmes donnent naissance à un nombre raisonnable d’enfants pour qu’elles puissent se consacrer à des activités économiques productrices de richesses et que leurs enfants constituent un capital humain en bonne santé.
La santé de la reproduction inclue toute une gamme de services pour les hommes et les femmes. Cependant, les cibles sont la mère et l’enfant. «Au plan opérationnel les soins de santé de la reproduction englobent de nombreux services dont: les informations et les services de planning familial, les soins prénatals, ceux d’accouchement sans risque et les soins postnatals, la prévention et le traitement des IST dont celles à VIH SIDA,…». (ASHFORD & MAKINSON, 1999). Le programme d’action du Caire (1994) a donné la directive à tous les pays d’assurer ces services d’ici 2015 par le biais des Soins de Santé Primaires (SSP). Au niveau régional, la région africaine a développé «un cadre continental pour la santé sexuelle et les droits liés à la reproduction en Afrique» qui a été peu après renforcé par le plan d’action de Maputo élaboré pour sa mise en œuvre pour les années 2007-2010 (USAID, 2011).
Au Sénégal l’amélioration de la santé de la mère, du nouveau né et de l’enfant est considérée par l’Etat comme une priorité en matière de santé. D’où son étroite collaboration avec UNFPA et l’initiative présidentielle «Bajennu Gox» un programme communautaire (proposé en Janvier 2009), puis, plus récemment la politique de la couverture maladie pour les enfants âgés de 0 à 5 ans (octobre 2013). Ces initiatives se rapportent au renforcement des programmes de santé notamment en santé reproductive et santé infantile. L’objectif est d’assurer le suivie de la mère pendant la grossesse et l’accouchement et celui du nouveau-né et de l’enfant de moins de 05 ans.
PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
MBOUR : UNE VILLE EN PLEINE URBANISATION
Située sur la petite côte (Dakar- Pointe Sangomar), la ville de Mbour est à environ 83km au Sud de Dakar .Elle est ceinturée par la communauté rurale de Malicounda du Nord-Ouest au Sud-est dans le sens des aiguilles d’une montre. La partie Ouest fait face à l’océan atlantique.
La ville de Mbour présente une situation exceptionnelle. D’abord c’est l’une des villes les plus importantes du pays au plan économique. La pêche, le tourisme et l’artisanat constituent ces principales activités. Mbour joue également un rôle de centre d’échange et de commerce très important dont le rayon va au delà de Thiès. La ville est traversée par la Route Nationale n°1(RN1) Dakar-Kaolack et la Route Départementale n°101 Joal-Fadiouth. C’est ainsi que tout le trafic en provenance de Dakar et du nord du pays et se dirigeant vers le Sud et l’Est passe par la ville de Mbour, qui assume donc un rôle de relais et de carrefour dans les échanges avec les autres régions du Sénégal. Ensuite, elle connait un dynamisme démographique important suivie d’une forte urbanisation (troisième sur le plan démographique après Dakar et Touba). La ville de Mbour ne cesse d’accueillir du monde. En 2002, la population à Mbour était estimée à 170 436 habitants elle passe en 2008 à 302 126. Soit une augmentation de 77,26% sur 6 ans ce qui explique la forte densité qui est de 136habitants /Km2 . La répartition spatiale de la population montre que les quartiers château d’eau, Thiocé Est, Diamaguene I Diamaguene II et Darou Salam sont les plus peuplés. Les quartiers centraux Escale, Santessou et les quartiers périphériques Médine, Santhe, Mbour Sérère Souf et Kaw, Mbour Maure sont les moins peuplés .
D’un point de vue spatial, la ville ne cesse de s’étaler. A partir du noyau colonial, une agglomération nouvelle s’est développée dans les années 1930 sous une forme bien structurée.
C’est dans ce cadre que s’est effectué le découpage des quartiers traditionnels de la Commune de Mbour. Cependant, au milieu des années 1980, des risques de dérapages dans la gestion spatiale deviennent de plus en plus profondes, qui n’ont d’ailleurs nullement épargnées les autres villes du pays. Mais Mbour présente un exemple très caractéristique. « Voila une ville qui, jusqu’à ces dernières années bien gérée sur le plan urbanistique, commence à déraper sérieusement du fait d’un nombre accru d’opération mettant en défiance le Plan Directeur d’Urbanisme avec l’obstruction de quelque uns de ses grands axes qui ont évolué de façon à ne plus respecter la grande trame des voies primaires. Les débordements sont inévitables et pas facilement maîtrisables. Du coup, cela pose le problème de «périmètre communal» Cela explique la tension foncière consécutive à la délimitation avec la communauté rurale de Malicounda.
Le périmètre communal et le découpage en quartiers
Crée en 1926, les limites de la commune ne sont pas clairement définit. Cette situation est à l’origine du litige foncier entre la commune de Mbour et la communauté rurale de Malicounda. La zone de tension concerne la partie Nord et l’Ouest. Au Nord, le problème est plus aigu car la ville ne peut contrôler la zone qui la sépare de Saly Portugal où la communauté rurale de Malicounda a déjà initié des lotissements et compte en réaliser d’autres.
En effet, le développement spatial de la ville suscite de nombreux conflits entre Mbour et la Communauté Rurale de Malicounda. «La complexité du problème réside dans le fait qu’une bonne partie de l’agglomération de Mbour est située dans la Communauté Rurale de Malicounda et s’octroie chaque année 63 ha sur l’espace rural» (SEYDI S. 2008). Ainsi, la ville s’étendant, crée de nouveaux espaces en renforçant les inégalités sociales et la prolifération de quartiers. Les enjeux et politiques ont rendu difficile toute délimitation de l’espace communal, Par conséquent cela ne favorise pas une bonne progression des équipements car elle dépende d’une large mesure de l’identification des références spatiales. Des disparités spatiales significatives sont apparues d’autant plus que les infrastructures mises en place sont limitées.
En effet, en ville, si des quartiers ont été construits avec leurs équipements, la plus grande partie de la croissance urbaine correspond à des extensions pauvres, souvent en situation périphérique dans l’espace urbain (SY., 2007). La ville se développe inégalement, comme le fait remarquer SALEM, il y’a des villes dans la ville (SALEM., 1998).
|
Table des matières
INTRODUCTION
I.PROBLEMATIQUE
1.Objet de la recherche
2.Objet de l’étude
3.DEFINITION CONCEPTUELLE
4.METHODOLOGIE
4.1.Synthèse bibliographique
4.1.1. Les études sur la santé infantile au Sénégal
4.1.2. Les études géographiques
4.1.3. Les études sur le recours aux soins
4.1.4.Les études sur la commune de Mbour
4.2.Collecte de l’information
4.2.1.L’exploitation des données sanitaires
4.2.2.Enquêtes avec les acteurs de la santé
4.2.3.Enquêtes socio sanitair
4.2.4.L’échantillonnage
5. Traitement des données
PARTIE I : OFFRE ET ACTIVITE DU SYSTEME DE SOINS DANS LA COMMUNE DE MBOUR
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
I. MBOUR : UNE VILLE EN PLEINE URBANISATION
1. LE PERIMETRE COMMUNAL ET LE DECOUPAGE EN QUARTIERS
2. GENESE DE L’OCCUPATION HUMAINE DE LA COMMUNE
II. LA NOUVELLE STRUCTURE DE LA VILLE
CHAPITRE II : L’OFFRE DE SOINS DANS LA COMMUNE DE MBOUR
3.Les services spécifiquement centrés sur la santé infantile
I.DESSERTE DANS LE DISTRICT DE MBOUR
II. DISTRIBUTION DE L’OFFRE DE SOINS ET ACCESSIBILITE
CHAPITRE III : LE RECOURS AUX SOINS
I.TAUX D’UTILISATION
II.AIRE DE RECRUTEMENT DU CENTRE DE SANTE
III.MORBIDITE PROPORTIONNELLE
1.Variation de la morbidité proportionnelle selon l’âge
2.Variation selon l’âge, le sexe et la pathologie
CHAPITRE IV: MORBIDITES DIAGNOSTIGUEES ET MORBIDITES RESSENTIES
I. PATHOLOGIES INFANTILES DECLAREES
1.Répartition selon l’âge et le sexe
2.Répartition spatiale des affections chez les enfants
4.2.1.Affections diarrhéiques
5.2.2.Affections respiratoires
6.2.3. Affections digestives
7.2.Affections de la peau
8.2.4.Affections bucco-dentaire
9.2.5.Affections des organes génitaux
2.6.Fièvres et paludisme
2.7.Affections non classées
CONCLUSION
PARTIE II ANALYSE DES FACTEURS DE RISQUES ET DES DETERMINANTS DU RECOURS AUX SOINS
CHAPITRE I : ANALYSE DES FACTEURS DE RISQES
I.LES FACTEURS DE RISQUE
1.Statut socio-économique
1.1.Age et situation matrimoniale de la mère de famille
1.2.Niveau d’instruction des parents
1.3.Dépense journalier pour la nourriture
2.Hygiène et environnement
2.1. Type d’aisance
2.2.Mode de stockage et d’évacuation des ordures et des eaux usées
2.3. Mode d’approvisionnement et de stockage de l’eau
3.Méthodes d’allaitement
4.Connaissance de la maladie
7 Conclusion
CHAPITRE II. RECOURS AUX SOINS ET DETERMINANTS
I.TYPE DE RECOURS
1. Premier recours
2.Deuxième recours
3. Troisième recours
II.DETERMINANTS DU RECOURS
1.Localisation du lieu de soins
2.Le coût du soins
III. ITINERAIRES THERAPEUTIQUES
CONCLUSION
