Facteurs permettant une bonne situation alimentaire
La disponibilité et l’accessibilité des denrées alimentaires, accompagnées de la stabilité des approvisionnements contribuent à la satisfaction des besoins énergétiques et nutritionnels des individus. (Azoulay et Dillon, 1993 ; Jeannoda et al., 1997 ; FAO, 2006). Diverses études ont démontré que pour assurer une bonne situation alimentaire, certains paramètres doivent être considérés, à savoir le niveau intellectuel et l’âge des parents, la situation financière, l’hygiène et la santé, les pratiques et croyances alimentaires, ainsi que les surfaces d’exploitation.
Niveau intellectuel et âge des parents
Suivant Wolfe et Behrman en 1982, Horton en 1986 ainsi que Barker et ses collaborateurs en 2008, l’âge et le niveau intellectuel des parents affectent la situation alimentaire de leurs enfants. Le fait que les parents, notamment les mères sont plus âgées et ont un niveau intellectuel plus élevé entraîne des effets positifs sur le régime alimentaire de leurs enfants.
Situation financière
Le manque de moyen financier dans les pays sous-développés tels que Madagascar rend les aliments, surtout ceux d’origine animale inaccessibles à cause du prix élevé. Pourtant, la biodisponibilité de la plupart des micronutriments est en général acquise par la combinaison des aliments consommés dans un même repas. Ce qui occasionne la détérioration du régime alimentaire due à sa mauvaise qualité qui se traduit par des carences en certaines vitamines telles que la vitamine A et B12 ; par des carences en fer, en zinc … L’impact d’une mauvaise situation alimentaire de la mère au cours de la grossesse se traduit par un faible poids à la naissance du bébé ainsi que par un retard de croissance de celui-ci au cours de son développement. (Ramakrishnan et Huffman, 2008).
Hygiène et santé
D’après les données de l’Organisation Mondiale de la Santé, l’hygiène joue également un rôle dans l’assurance d’une bonne situation alimentaire du fait que 18% des cas de mortalité dans les pays sous-développés sont dus aux maladies diarrhéiques qui est la troisième cause de mortalité après la malaria et les infections respiratoires [WHO (World Health Organization), 2006]. La diarrhée résulte du non-respect de l’hygiène se manifestant sous forme de la non-protection des aliments contre les contaminations pouvant être apportées par l’air, du non-lavage fréquent des mains, de la réutilisation d’eaux usées lors du nettoyage des mains et de la vaisselle … A cause de la morbidité, le malade perd souvent l’appétit et devient malnutri, ce qui pourrait entraîner la mort par la suite en absence de surveillance et de traitement médical. De ce fait, le rôle des services de santé et de protection contre les maladies ainsi que le rôle des services de soins envers les enfants se trouvent fondamentaux (Galasso et Umapathi, 2007).
Pratiques et croyances alimentaires
Dans les zones enclavées où les disponibilités alimentaires sont limitées à cause de l’insuffisance en variété des aliments et d’autres facteurs tels le faible moyen financier, l’exiguïté des surfaces d’exploitation …, les tabous alimentaires viennent fortifier la précarité de la situation nutritionnelle. Pourtant, un aliment imposé comme tabou pourrait être une bonne source de micronutriments qui se trouve en carence chez la personne ou la tribu respectant l’interdiction de consommation. Comme illustration, les études effectuées par Randriafonenana, F. P. (2016) dans la région de Betsiboka, district de Kandreho, Commune Rurale de Behazomaty, stipulent que les ménages enquêtés présentent des carences en vitamine A. Pourtant, l’anguille qui est riche en cette vitamine est considérée comme tabou par 21% des ménages enquêtés. De ce fait, ce déficit en vitamine A remarqué dans cette Commune pourrait être allégé en partie par la consommation d’anguille. Les tabous alimentaires font l’objet d’une ambivalence : d’une part, ils ont été imposés pour protéger certains aliments considérés comme étant des objets sacrés et, d’autre part, suite à des expériences négatives, une liste d’aliments devient interdite pour consommation. (Razafimpahanana, 1970 ; François, 1968). Par exemple, si une personne décède ou tombe malade après avoir mangé un certain aliment, les gens préfèrent imposer celui-ci comme tabou afin d’éviter l’empoisonnement d’autres personnes (Graeber, 2007). Parfois même, les tabous alimentaires intègrent la culture malgache comme un moyen d’imposer certaines règles de bonne conduite ou d’éducation. Le nonrespect de ces tabous peut avoir des répercussions d’ordre mental à la personne concernée telle la peur d’être frappée par le courroux des ancêtres se manifestant par la perte de la richesse, la maladie, voire même la mort (Walsh, 2002).
Surfaces d’exploitation
En 1977, Cain constatait que plus les ménages disposent de grandes surfaces d’exploitation, plus le nombre d’enfants est élevé, ce qui s’explique par le besoin important en main-d’œuvre agricole. Derrière la fécondité, les parents espèrent une entraide future dans les activités économiques et domestiques. Des théories microéconomiques de la reproduction spécifient que l’enfant est perçu comme étant un bien durable (Becker, 1976 ; Becker et Lewis, 1973). Dans ce sens, des chercheurs ont mené des études et ont défini trois catégories de fonction attendues de la fécondité comprenant les besoins psychologiques et émotionnels par lesquels les enfants jouent un rôle dans le bonheur parental ainsi que les besoins économiques (Ben-Porath,1982 ; Robinson, 1997). La troisième catégorie constitue la forme d’assurance vieillesse par laquelle les descendants apportent leurs aides aux parents dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins en raison de la pauvreté, de la vieillesse ou de la maladie (Gastineau, 2007 ; Rakotoson, 2010).
Depuis une décennie, la fécondité en milieu rural connaît une baisse passant de 6,7 enfants par femme en 1997 à 5,7 en 2004 [EDS (Enquête Démographique et Sanitaire), 2005] et 5,2 en 2009 (EDS, 2010). Les principales causes de cette baisse de fécondité en milieu rural sont surtout les contraintes de la saturation foncière ainsi que la pauvreté (Rakotoson, 2010 ; Omrane, 2008). Selon Ottino (1998), les parents ont un devoir traditionnel de transmettre la terre des ancêtres à tous leurs enfants. Et le partage de terre entre les descendants se fait souvent de manière égalitaire, quel que soit le sexe (Omrane, 2008). Cependant, les surfaces héritées ne permettent pas de couvrir les besoins alimentaires des ménages, ce qui requiert la mobilisation des enfants en tant que main-d’œuvre dans l’exploitation familiale ou de les faire travailler en dehors du ménage lors d’une nécessité de revenus supplémentaires, ce qui explique l’abandon des études de la plupart des enfants ruraux. Les études menées par Rakotonarivo (2008) stipulent que la migration des enfants contribue de ce fait à la diversification des activités économiques et des sources de revenu des ménages. Ceci concerne la migration des filles dans les centres urbains en étant domestique, et les garçons en tant que vendeurs de nourriture ou de petits paquets de pins coupés servant à allumer le charbon de bois, et d’autres tirent les charrettes pour transporter des sacs de marchandises (Ravololomanga et Schlemmer, 1994). Ce qui fournit une aide financière aux parents et permet de combler en partie le manque de revenu des ménages.
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Table des matières
Introduction
I. GENERALITES
I.1- Facteurs permettant une bonne situation alimentaire
I.1.1- Niveau intellectuel et âge des parents
I.1.2- Situation financière
I.1.3- Hygiène et santé
I.1.4- Pratiques et croyances alimentaires
I.1.5- Surfaces d’exploitation
I.2- Malnutrition à Madagascar
I.3- Alimentation
I.3.1- Différents types d’aliments
I.3.1.1- Aliments énergétiques
I.3.1.2- Aliments plastiques ou constructeurs
I.3.1.3- Aliments protecteurs
I.3.2- Nutriments
I.3.2.1- Micronutriments
I.3.2.2- Macronutriments
I.3.3- Groupes alimentaires
I.3.4- Pyramide alimentaire
I.3.5- Equilibre alimentaire
II. MATERIELS ET METHODES
II.1- Caractéristiques des milieux d’étude
II.1.1- Cadre physique
II.1.1.1- Historique de l’appellation
II.1.1.2- Localisation géographique des milieux d’étude
II.1.1.3- Géologie
II.1.1.4- Climat
II.1.1.5- Végétation
II.1.2- Population humaine
II.1.2.1- Démographie, activités économiques et ethnie
II.1.2.2- Croyance et religion
II.1.2.3- Infrastructure scolaire et sanitaire
II.1.2.4- Scolarisation des parents
II.1.2.5- Accessibilité en eau potable
II.1.2.6- Agriculture et élevage
II.1.2.7- Marché
II.2- Matériels
II.3- Méthodes
II.3.1- Echantillonnage
II.3.2- Méthode d’enquête
II.3.3- Déroulement de l’enquête
II.3.4- Dépouillement des données récoltées
II.3.5- Analyses statistiques
II.3.6- Méthode de calcul
II.3.6.1- Calcul des rationnaires-jour
II.3.6.2- Ration théorique
II.3.6.3- Ration effective
II.3.6.4- Taux de couverture des besoins énergétiques et nutritionnels
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1- Caractéristiques des ménages enquêtés
III.1.1- Ethnie
III.1.2- Religion
III.1.3- Taille des ménages enquêtés
III.1.4- Production agricole
III.1.5- Elevage
III.1.6- Niveau intellectuel des parents
III.1.7- Activités économiques
III.1.8- Revenu mensuel
III.1.9- Provenance des aliments consommés
III.1.10- Tabous alimentaires
III.1.11- Types de combustible d’usage
III.1.12- Hygiène
III.1.13- Moyens d’éclairage
III.1.14- Habitat
III.2- Etudes qualitatives de la consommation alimentaire
III.2.1- Profil alimentaire
III.2.2- Habitudes alimentaires
III.2.2.1- Habitudes alimentaires à Ambohimanganjafy
III.2.2.2- Habitudes alimentaires à Sadabe
III.2.3- Score de diversité alimentaire
III.3- Etudes quantitatives de la consommation alimentaire
III.3.1- Comparaison des quantités d’aliments consommés au niveau des deux Fokontany
III.3.2- Taux de couverture des besoins énergétiques et nutritionnels dans les deux Fokontany
III.3.2.1- Détermination du taux de couverture en énergie et en nutriments
III.3.2.2- Comparaison de la ration alimentaire entre les deux Fokontany en terme de déficit et d’excès en calories et en nutriments
III.3.3- Equilibre alimentaire
III.3.3.1- Ration alimentaire
III.3.3.1.1- Répartition des apports énergétiques des trois repas de la journée
III.3.3.1.2- Répartition des apports énergétiques provenant des macronutriments
IV. DISCUSSION
IV.1- Caractéristiques des ménages enquêtés
IV.2- Etude qualitative de la consommation alimentaire
IV.2.1- Profil alimentaire
IV.2.2- Habitudes alimentaires
IV.2.2.1- Niveau intellectuel des parents
IV.2.2.2- Activité économique
IV.2.2.3- Revenu mensuel
IV.2.3- Score de diversité alimentaire
IV.3- Etude quantitative de la consommation alimentaire
IV.3.1- Comparaison des quantités d’aliments consommés au niveau des deux Fokontany
IV.3.2- Taux de couverture des besoins énergétiques et nutritionnels dans les deux Fokontany
IV.3.3- Equilibre alimentaire
IV.4- Limites méthodologiques
Conclusion
