Dans les pays en développement, les médicaments essentiels sont souvent insuffisants au niveau des formations sanitaires. Cette insuffisance est aggravée dans beaucoup de centres de santé par des ruptures fréquentes de stocks. Mais il peut également exister des situations où des produits pharmaceutiques sont stockés pendant longtemps sans être utilisés, car ils ne correspondent pas aux morbidités enregistrées.
Ces médicaments sont à la longue périmés et doivent être détruits. La gestion des stocks de médicaments doivent faire l’objet d’une attention particulière si on ne veut pas gaspiller le peu de moyens dont on dispose. Le personnel responsable de l’approvisionnement en médicaments doit recevoir périodiquement une formation adéquate afin d’assurer la bonne tenue des stocks. La non disponibilité d’un produit pharmaceutique essentiel pendant une période plus ou moins longue risque de compromettre gravement la prise en charge thérapeutique des malades surtout quand il s’agit d’une localité où il n’existe qu’une seule formation sanitaire dans un rayon de plus de cinq kilomètres.
A Madagascar, bien que les profils de morbidités se ressemblent dans beaucoup de régions, des variations quantitatives peuvent exister. Les fréquences des pathologies varient également avec les saisons selon les endroits considérés exigeant ainsi une étude spécifique sur les périodes de survenue des pathologies les plus fréquentes. (1) Polyparasitisme, maladies infectieuses et carences alimentaires s’additionnent, se potentialisent et réalisent souvent des complexes morbides qui frappent de nombreux individus, électivement, dans le groupe vulnérable des enfants et des femmes.
L’infectuosité particulière du milieu où pullulent les vecteurs, l’insalubrité des conditions de vie, l’insuffisance des ressources, l’ignorance et l’inorganisation déterminent les caractères des pathologies répandues dans chaque région déterminée. L’inégalité entre les différentes couches sociales et entre les différents espaces géographiques est un trait essentiel de la situation sanitaire mondiale, résultat de la diversité des environnements et de l’inégalité d’accès aux ressources, au savoir et au pouvoir. sont éloignées des dispensaires dont les services sont souvent médiocres, faute de moyens matériels ou de personnels qualifiés. Le développement des soins de santé primaires a fait renaître l’espoir d’un avenir meilleur dans le domaine de la santé, notamment dans les pays en développement.
LES MEDICAMENTS ESSENTIELS
Définitions
Médicament
Un médicament est une substance ou composition possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales (Dictionnaire Universel).
Les médicaments essentiels
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « les médicaments essentiels sont ceux qui satisfont aux besoins de la majorité de la population en matière de soins de santé; ils doivent donc être disponibles à tout moment en quantité suffisante et sous la forme pharmaceutique appropriée ».
Les médicaments génériques
Un médicament générique est la copie d’un médicament original (spécialité) dont le brevet est arrivé à expiration. Il doit être équivalent à la spécialité initiale, du point de vue de la qualité pharmaceutique, de l’efficacité et de la tolérance, ainsi que de la biodisponibilité.
Les médicaments essentiels génériques
La plupart des médicaments essentiels de la liste de l’OMS existent, sur le marché international, en génériques à des prix relativement bas. Les fabricants de génériques, dispensés des coûts de la recherche et du développement des produits, peuvent commercialiser des copies à des tarifs très inférieurs à ceux des spécialités correspondantes. Le développement du marché des génériques a introduit la concurrence par le prix dans le domaine du médicament, et a mis fin au monopole des laboratoires sur les médicaments dont le brevet est expiré.
La médecine traditionnelle
Le terme est ambigu, le concept l’est davantage. Sous ce vocable, on regroupe des actions aux objectifs aux moyens et à l’efficacité variés. Pourtant, la médecine traditionnelle ne doit être ni méprisée ni magnifiée ; son rejet équivaudrait à nier les valeurs hier démontrées ou demain à déceler ; sa valorisation excessive apparaît souvent être la conséquence des carences de la médecine scientifique, parfois, un maladroit transfert de préoccupations politiques où la tentative opportuniste d’un retour a une « authenticité » mal intégrée.
Sa place doit être définie sans à priori ni passion, en analysant tout autant ses vertus et ses inconvénients que ne peut manquer d’engendrer l’empirisme des choix de la pharmacopée et des méthodes de leurs prescripteurs. Dans ce domaine, la médecine par les plantes constitue un chapitre privilégié. La pharmacopée traditionnelle est à l’honneur dans beaucoup de pays en voie de développement ; des « instituts » cherchent à valoriser les plantes autochtones en s’appuyant sur les traditions populaires et en se prévalant des précédents historiques (quinine, extrait de quinquina ; émétine de l’ipéca ; réserpine de la petite pervenche…). La thérapeutique moderne a toujours été avide de plantes « médicinales », dont elle cherche secondairement à extraire le principe actif, mais la médecine traditionnelle pourrait vouloir soustraire aux firmes internationales la maîtrise des molécules nouvelles.
La situation économique du médicament
Notion de dépense nationale en médicaments
Trois points de vue permettent d’apprécier la dépense nationale en médicaments : les dépenses en importation, les dépenses pour le budget de l’Etat et les dépenses en consommation nationale.
Les dépenses en importation
Les dépenses en importation représentent une part importante (parfois plus de 80%) de la consommation totale dans les pays n’ayant pas d’industries pharmaceutiques importantes. De nombreux pays (Amérique latine, Asie) n’emportent que moins de 20% de leurs médicaments consommés. Cependant, l’importation des matières premières, en particulier les substances actives, peut représenter un montant non négligeable, par exemple 25% de la valeur des médicaments produits, et doit être ajoutée aux importations. En outre, les dépenses en droits d’exploitation de brevets et les redevances pour licences d’exploitation peuvent représenter des sorties de devises importantes. La part des médicaments importés indique le coût en devises de la dépendance à l’égard de l’étranger de la consommation en médicaments : dans les cas de forte dépendance, tout accroissement de dépense n’entraînera pas une création de richesses dans le pays. Les importations de médicaments doivent être comparées aux exportations totales, car celles-ci fournissent au pays les ressources pour les payer.
Les dépenses pour le budget de l’Etat
Les dépenses en médicaments dans le budget de l’Etat sont les médicaments payés par le budget du Ministère de la Santé, mais aussi par le budget d’autres ministères, tels que ceux de la défense, du travail, des affaires sociales ou de l’éducation. Le calcul de ces dépenses permet de répondre à la question « Que dépense le pays pour les médicaments ? ». En effet, l’Etat n’est pas le seul à payer les médicaments.
Les dépenses en consommation nationale
(Les dépenses de la consommation nationale) c’est le total de l’argent dépensé pour la consommation de médicaments dans un pays, quels que soient les payeurs, que ces payeurs soient publics ou privés, nationaux ou étrangers. Cette dépense comprend non seulement l’achat de médicaments aux firmes pharmaceutiques, mais aussi les coûts de distribution : marges des distributeurs commerciaux, salaires du personnel et frais de fonctionnement des services d’approvisionnement non commerciaux. On obtient ainsi le total de ce que dépense un pays pour la consommation de médicaments. Ces dépenses peuvent être calculées en valeur moyenne par habitant ou mises en relation avec la consommation Nationale (Valeur totale des biens et service consommés dans le pays) ou plus simplement avec le Produit National Brut.
Niveau absolu et niveau relatif des dépenses
Le niveau absolu de dépenses par habitant varie selon les pays de 1 à 300 dollars par habitant et par an. L’écart est énorme. Connaître ce niveau absolu donne une indication sur le niveau d’approvisionnement de la population en médicaments. La satisfaction des besoins est une autre question, car elle dépend de l’équité avec laquelle cette dépense se répartit et du gaspillage ou de la rigueur avec lesquels se fait cette dépense. Cinq niveaux permettent d’appréhender ces ordres de grandeur :
i) Dépenser moins de 5 dollars par habitant et par an permet difficilement d’approvisionner la totalité de la population d’un pays de façon régulière en médicaments. En effet, le montant de 5 dollars par habitant est une moyenne nationale. Une partie de la population a donc moins de 5 dollars.
ii) Avec une dépense de 5 à 10 dollars par habitant, il est possible d’approvisionner une notable partie de la population en médicaments essentiels. La dépense moyenne en médicaments des pays en développement est de 5,4 dollars en 1985. (5)
iii) Avec une dépense de 10 à 50 dollars par habitant, il y a une marge d’action pour satisfaire les besoins en médicaments de toute la population.
iv) Au delà de 50 dollars par habitant et par an, on peut penser que la consommation est en partie inutile.
v) Au delà de 100 dollars ou de 150 dollars, il s’agit très probablement d’une surconsommation massive. Ceci n’exclut pas qu’une partie de la population ait un accès fort restreint aux médicaments. En 1985, la consommation annuelle moyenne par habitant des pays développés était de 62 dollars.
Les dépenses peuvent également être situées par rapport au revenu du pays mesuré par le PNB.
• Les pays dont le PNB par habitant est le plus bas, dépensent une proportion en général un peu plus faible (1 dollar par habitant pour un PNB par habitant de 100 à 200 dollars, soit moins de 1%).
• Les pays les plus riches dépensent une proportion un peu plus forte (250 dollars par habitant pour un PNB par habitant de 10.000 dollars, soit 2,5%).
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Table des matières
Introduction
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES MEDICAMENTS ESSENTIELS ET LE MONITORAGE
1. Les médicaments essentiels
1.1. Définitions
1.1.1. Médicament
1.1.2. Les médicaments essentiels
1.1.3. Les médicaments génériques
1.1.4. Les médicaments essentiels génériques
1.1.5. La médecine traditionnelle
1.2. La situation économique du médicament
1.2.1. Notion de dépense nationale en médicaments
1.2.2. Niveau absolu et niveau relatif des dépenses
1.2.3. Y a-t-il des économies potentielles à réaliser ?
2. Le monitorage
2.1. Définition
2.2. Les déterminants de couverture
2.3. La courbe de couverture
2.3.1. Construction de la courbe
2.3.2. Interprétation de la courbe
2.3.3. Causes des problèmes identifiés
DEUXIEME PARTIE EVALUATION DE LA GESTION DES MEDICAMENTS AU CSB2 D’ANDOHALO
1. Cadre d’étude
1.1. Le Centre de Santé de Base du niveau II
1.2. Le secteur sanitaire
2. Méthodologie
2.1. Méthode d’étude
2.2. Paramètres d’étude
3. Résultats
3.1. Le profil de morbidité
3.2. Morbidités fréquentes
3.3. Les variations saisonnières
3.4. Situation des stocks
3.5. Utilisation et consommation des médicaments
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES, DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
1. Commentaires et discussions
1.1. La méthodologie
1.2. Les résultats de l’étude
1.2.1. Le profil de morbidité
1.2.2. La consommation des médicaments
1.2.3. La gestion des stocks
2. Suggestions
Conclusion
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