La valeur pour le consommateur d’une pratique de maîtrise de consommation : le cas de l’électricité

Le « cadre pour le climat et l’énergie à l’horizon 2030 » de l’Union Européenne fixe trois grands objectifs. Le premier est de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % à cette échéance, par rapport aux niveaux de 1990. Le second vise à porter la part des énergies renouvelables à au moins 27%. Enfin, le troisième poursuit l’amélioration de l’efficacité énergétique d’au moins 27%. Ce cadre a été adopté par les dirigeants de l’UE en octobre 2014. Il cherche à favoriser les avancées vers la création d’une économie sobre en carbone. Il comprend la mise en place d’un système énergétique qui doit garantir une énergie à un prix abordable pour tous les consommateurs, améliorer la sécurité de l’approvisionnement énergétique de l’Union Européenne, et réduire sa dépendance vis-à-vis des importations d’énergie. Plus particulièrement, l’objectif relatif à l’efficacité énergétique se matérialise dans la décision du Conseil européen d’adopter un objectif indicatif en matière d’économies d’énergie de 27% d’ici 2030. En France, les objectifs du cadre européen ont été traduits à l’échelle nationale dans la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte . La transition énergétique peut se définir par le fait d’aller vers un modèle énergétique qui permet de satisfaire de manière durable, équitable et sûre, pour les hommes et leur environnement, les besoins en énergie des citoyens et de l’économie française, dans une société sobre en ressources naturelles, en énergie et en carbone . La loi du 17 août 2015 fixe la politique énergétique de la France et son premier article souligne la diversité et l’importance des enjeux. Ceux-ci sont liés notamment à la sécurité de l’approvisionnement, à l’importance économique de la filière énergétique et à la protection de l’environnement. Dans ce contexte, on peut s’interroger sur la place de l’énergie électrique, et notamment sur les enjeux au niveau de la consommation électrique des ménages français.

LA CONSOMMATION D’ELECTRICITE AU SEIN DES FOYERS : UN ENJEU PHARE DE LA TRANSITION ENERGETIQUE 

Les enjeux énergétiques, économiques et environnementaux 

Des enjeux de sécurité des apprivoisements et de structure du bouquet électrique 

Satisfaire la demande en électricité nécessite de gérer la demande qui n’est pas régulière. Lorsque celle-ci augmente, il s’agit de la pointe de consommation électrique. Il existe trois types de pointes : saisonnière, hebdomadaire et journalière. La pointe de consommation saisonnière se caractérise par une demande accrue en janvier ou février et un creux au mois d’août. Les cinq jours ouvrés de la semaine sont assez semblables mais la consommation diminue les week-ends, et plus particulièrement le dimanche, du fait d’une consommation industrielle et tertiaire moindre. Enfin, il existe un cycle journalier, avec une pointe le matin et une deuxième, assez marquée, le soir vers 19 h, quand les personnes rentrent dans leurs foyers .

La consommation d’électricité en France est aussi particulièrement sensible aux variations de températures. Pour illustration, en 2015, la consommation finale réelle a augmenté de 1,8% notamment du fait de conditions météorologiques moins clémentes qu’en 2014 (SOeS, 2016). Cette thermo sensibilité, trois fois plus importante qu’en Grande-Bretagne ou en Allemagne (RTE, 2016) s’explique par l’importance du chauffage électrique dans notre pays. L’intégration des énergies renouvelables dans le bouquet de production électrique est aussi un enjeu essentiel de la transition énergétique. Dans le « cadre pour le climat et l’énergie à l’horizon 2030 » l’Europe s’est engagée à ce qu’elles représentent 27% de la consommation d’énergie finale à cette échéance. La France va au-delà puisque dans le cadre de la Loi du 17 août 2015, elle s’est fixée pour objectif d’atteindre 23% dès 2020 et 32% à l’échéance 2030. A cette date, les énergies renouvelables devront représenter 40 % de la production d’électricité et la part du nucléaire devra être ramenée à 50 %. La production de ces énergies dépend des conditions météorologiques et varie au cours d’une journée ce qui complexifie la gestion des pointes. Leur développement passe donc par l’adaptation des outils industriels, de transports et distribution, mais aussi par celle des pratiques de consommation.

Des enjeux économiques 

Les enjeux économiques liés à la filière électrique sont très importants. L’industrie de l’énergie représentait, en 2015, 2% de la valeur ajoutée en France et près de 140000 emplois (SOeS, 2016). Par ailleurs, en 2014, la France était classée neuvième producteur mondial d’électricité et occupait le 1er rang mondial des exportateurs d’électricité . Le solde extérieur des échanges physiques était toutefois en repli en 2015 et 2016, du fait de la réduction de la production nucléaire. La capacité de production et les orientations données au bouquet énergétique constituent donc des enjeux majeurs pour faire face à la demande interne en électricité, mais aussi pour consolider le rôle de la branche énergie. Celle-ci doit maintenir sa contribution au PIB et permettre l’indépendance énergétique du pays en assurant un solde extérieur positif pour l’énergie. Ces éléments alimentent le débat autour d’une plus ou moins forte pénétration des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique des 30 prochaines années. D’après une étude de 2015 de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), la production des énergies renouvelables dans l’Hexagone pourrait potentiellement atteindre 1 268 térawattheures (TWh) par an, toutes filières vertes confondues, soit trois fois la demande annuelle d’électricité prévue, en France, pour le milieu du 21ème siècle. L’étude avance donc la possibilité d’un scénario 100% énergies renouvelables. Toutefois celui-ci nécessite un effort de « maîtrise de la demande », qui doit permettre une baisse de 14 % des besoins à la même échéance, en dépit d’une population accrue de six millions d’habitants.

Des enjeux environnementaux 

Un des enjeux importants de la transition énergétique se trouve dans les émissions de CO2. En 2013, avec 40 % des émissions mondiales de CO2, la production d’électricité est le premier secteur émetteur avant les transports (23%). Ces données sont très proches de celles observées pour l’Europe (I4CE, 2015). En revanche, en France, l’électricité est produite à 90% par des moyens qui sont très peu carbonés, principalement le nucléaire et l’hydraulique. Le secteur le plus émetteur est donc, à l’inverse de la moyenne européenne, celui des transports (I4CE, 2016). Les émissions unitaires de CO2 pour la production d’électricité sont évaluées à 69 g de CO2 par kWh (données 2011) contre 350 g pour l’Union européenne (I4CE, 2015). La situation en France, au regard des émissions de CO2 liées à la production d’électricité, pourrait donc être considérée comme plutôt favorable. Toutefois, tous les scénarios permettant l’augmentation importante de la part des énergies renouvelables (ADEME, 2015), tout en assurant la sécurité des approvisionnements, démontrent la nécessité d’une maîtrise accrue de la demande. Cette maîtrise est très fortement liée à celle de la demande provenant du secteur résidentiel, autrement dit la consommation domestique des ménages français. Nous allons découvrir pour quelles raisons.

Les enjeux liés à la consommation domestique d’électricité 

La part de la consommation domestique dans la consommation électrique française 

La consommation électrique finale du secteur résidentiel-tertiaire représente plus des deux tiers de la consommation en France (Figure i.5). La moitié de cette consommation provient des résidences principales (154,3 TWh en 2013 – données CEREN, 2015), et l’autre moitié des consommations liées au tertiaire (entreprises, collectivités, éclairage public …). Le secteur résidentiel est donc, à lui seul, le plus important consommateur d’électricité en France avec 35% de la consommation nette (RTE, 2015).

La structure des différents usages de l’électricité domestique et son évolution 

La consommation est attribuable pour un peu plus de 40% au chauffage des logements et à la production de l’eau chaude sanitaire (ECS), un peu moins de 10% est liée à la cuisson, mais 50% provient des usages spécifiques de l’électricité. Les trois premiers usages, chauffage, ECS et cuisson peuvent être assurés par différentes sources d’énergie (fioul, gaz, bois). Par contre, pour d’autres usages (Figure i.7), l’énergie électrique est l’unique solution. Les plus consommateurs sont les utilisations du multimédia (audiovisuel et informatique) et la production de froid alimentaire.

Les travaux qui ont été menés au sujet de l’évolution des usages de l’électricité (ADEME, 2015 ; CEREN, 2015 ; Projet REMODECE, 2008 😉 s’accordent sur le fait que la problématique de la maîtrise des consommations électriques se déplace lentement de l’usage lié au chauffage vers d’autres tels que l’électricité spécifique ou l’eau chaude sanitaire, dont la part augmente dans la consommation totale des ménages. Au sein des usages spécifiques de l’électricité, ceux liés aux nouvelles technologies de l’information et de la communication ont connu une progression très forte (Projet REMODECE, 2008). Par ailleurs l’amélioration énergétique des bâtiments va venir renforcer ce phénomène. En France, dès 2020, la réglementation thermique obligera à construire des bâtiments à énergie positive. Or, dans les bâtiments très peu consommateurs d’énergie, le chauffage n’est plus le poste le plus consommateur. L’eau chaude sanitaire représente une consommation d’énergie 3 fois supérieure et l’électroménager une consommation 5 fois supérieure à celle du chauffage. Selon les rédacteurs du bilan du projet REMODECE (2008), le sujet de préoccupation de demain n’est donc pas le chauffage mais l’électroménager, incluant les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Enfin, de nouveaux usages devraient venir accroître encore la consommation électrique dans les années à venir, et notamment ceux des véhicules électriques, et des pompes à chaleur qui viendront en remplacement des chauffages au fioul (ADEME, 2015). Selon RTE, l’évolution des modes de vie et les nouveaux usages électriques ont des conséquences directes sur les pointes de consommation et donc sur la sécurité de l’approvisionnement. Le gestionnaire du réseau rapporte que ces pointes sont de plus en plus importantes ces dernières années, en dix ans elles ont augmenté de 33%.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1ERE PARTIE : LE COMPORTEMENT DE MAITRISE DE LA CONSOMMATION ELECTRIQUE
CHAPITRE 1 : LA MAITRISE DE LA CONSOMMATION ELECTRIQUE : DEFINITION ET DETERMINANTS STRUCTURELS
CHAPITRE 2 : INFLUENCERLA MCE : LES MODELES ET DETERMINANTS DU COMPORTEMENT ET DE SON CHANGEMENT
CHAPITRE 3 : LES THEORIES DE LA VALEUR : UN CADRE NOUVEAU POURECLAIRER LE COMPORTEMENT DE MCE
2EME PARTIE : LA VALEUR RETIREE DE LA MAITRISE DE SA CONSOMMATION ELECTRIQUE PAR LE CONSOMMATEUR
CHAPITRE 4 : VALORISATION ET DEVALORISATION DE LA MAITRISE DE LA CONSOMMATION ELECTRIQUE POUR LE CONSOMMATEUR: UNE ETUDE QUALITATIVE
CHAPITRE 5 : LES COMPOSANTES DE VALORISATION ET DE DEVALORISATION ASSOCIEES A LA MCE PARLE CONSOMMATEUR : LA CONSTRUCTION D’UN OUTIL DE MESURE
CHAPITRE 6 : VERS UNE CONCEPTUALISATION DE LAVALEUR DE LA MAITRISE DE LA CONSOMMATION
3EME PARTIE : DE LA PRATIQUE DE LA MAITRISE DE LA CONSOMMATION ELECTRIQUE A LA VALEUR QUI EN EMERGE POUR LE CONSOMMATEUR
CHAPITRE 7 : MODELISATION DE LA RELATION ENTRE PRATIQUE, VALEUR ET INTENTION A PRATIQUER
CHAPITRE 8 : METHODOLOGIE DES MODELISATIONS REALISEES DANS LE CADRE DE LA SECONDE COLLECTE DE DONNEES
CHAPITRE 9 : TEST DU MODELE ET ANALYSE MULTIGROUPES SUR DIFFERENTS NIVEAUX DE PRATIQUE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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