Les espaces verts urbains sont aujourd’hui des éléments indispensables aux villes modernes et à l’épanouissement de ses habitants. Ainsi, « les espaces verts sont les éléments fondateurs de l’identité d’une ville » (CERTU , 2009). En effet, de nos jours, ceux-ci sont fortement liés aux politiques urbaines qui les prennent tout aussi bien en compte que les zones bâties. Cette évolution est indispensable : les espaces verts urbains sont le reflet d’une ville car ils participent à la diffusion de l’image de celle-ci. Les récents sondages mettent en avant cette volonté de voir la nature et les espaces verts présents en ville. C’est ainsi que 7 français sur 10 basent leur choix de lieu de vie selon la présence d’espaces verts à proximité de leur habitation (UNEP/IPSOS, 2008). De plus, 42% des sondés choisiraient en priorité d’aménager des parcs et jardins et d’améliorer les espaces verts qui existent déjà s’ils étaient élus locaux. Cette donnée met donc en avant la proximité qui doit exister entre espaces verts urbains et politique urbaine.
Ce Projet de Fin d’Etudes 2014 s’inscrit dans un projet plus global : le projet Serveur. Celui-ci vise à identifier les retombées des espaces verts urbains pour la population et pour les collectivités. Pour ces dernières, les espaces verts sont synonymes de coûts, nécessitant de l’entretien régulier ainsi que des investissements importants : c’est ainsi qu’il est légitime de se demander ce que la conservation de ce type d’espaces dans les villes apporte. L’autre type d’espaces verts (les espaces verts naturels) ne sera pas pris en compte dans le cadre de ce travail. Les espaces verts urbains sont définis ainsi : « Sous le terme d’espaces verts sont regroupés tous les espaces végétalisés, arborés ou non qui prennent place dans le tissu urbain. Qu’ils soient publics ou privés, ouverts ou fermés aux habitants, les espaces verts ménagent une discontinuité végétale entre les zones bâties et les annexes minéralisées. Ils composent un maillage interstitiel de verdure et ils se définissent par opposition aux espaces construits » (CERTU, 2009). Pour identifier ces retombées, le projet Serveur s’intéresse à différents espaces verts urbains (bois urbains, jardins ouvriers, parcs d’agréments) des six préfectures de la Région Centre (Orléans, Tours, Châteauroux, Bourges, Chartres et Blois) sous un angle particulier : les services écosystémiques et plus particulièrement deux grandes catégories : les services écosystémiques d’approvisionnement et culturels. Il s’agit de services peu ou mal connus de la part des acteurs locaux (Lamare, 2013), bien qu’ils les appliquent au quotidien dans leur travail. Le projet tire son nom de cette démarche : services rendus par les espaces verts urbains (Serveur).
La notion de services rendus par les écosystèmes a été popularisée par le Millennium Ecosystem Assessment. Il s’agit d’un rapport de synthèse international, instauré en 2001 à la demande de Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies, qui vise à analyser l’état des écosystèmes de la Terre et qui fournit des résumés et des directives pour les décideurs. Ce travail, ayant pour objectif de prouver que « où que nous vivions, nous dépendons tous de la nature et des services pourvus par les écosystèmes pour accéder à une vie décente, sûre et en bonne santé » (Millennium Ecosystem Assessment, 2005), définit les services écosystémiques comme étant les bénéfices que les Hommes peuvent tirer des écosystèmes. Ce rapport définit quatre types de services écosystémiques :
– les services supports,
– les services d’approvisionnement,
– les services de régulation,
– les services culturels et sociaux.
Les espaces verts urbains et les pratiques sociales
Les espaces verts urbains : une nécessité pour la population
Les espaces verts urbains constituent des éléments essentiels dans nos villes. En effet, « les espaces verts sont identifiés comme autant de poumons verts qui aèrent ou irriguent le tissu urbain » (CERTU, 2001). Au-delà de cette préoccupation de rendre la ville plus saine à travers notamment la présence d’espaces verts, la présence de ces derniers n’est pas négligeable pour les populations résidentes ou simplement de passage. Ils rendent des services écosystémiques culturels qu’il est nécessaire de mettre en avant afin de justifier leur présence. Une étude réalisée sur les pratiques et le ressenti des usagers des espaces verts a mis en avant «l’importance de la demande de végétation de la part des habitants. Plus que la demande, c’est le ressenti et le vécu des espaces verts, et plus généralement de la nature urbaine, qui sont remarquables. Elle constitue un élément incontournable de la vie quotidienne des citadins » (LONG Nathalie, TONINI Brice, 2012). Ces espaces jouent ainsi un rôle primordial pour les populations. Par conséquent, l’impact social des espaces verts urbains est important sur ses utilisateurs.
Les pratiques sociales : de nombreuses réflexions déjà engagées
Les espaces publics, quels qu’ils soient, ainsi que leurs usages, font l’objet de plusieurs études afin de caractériser ces espaces publics. Ces usages de la part de la population, assimilés aux pratiques sociales, ont pour objet de « mieux saisir comment aujourd’hui, l’on s’approprie l’espace public et parfois on le réinvente pour le domestiquer. » (APUR, 2011) C’est ainsi que la compréhension des usages de la population permet de caractériser un espace : « Il n’y a public que de quelque chose et ce « de » représente une première complication du travail : il semble qu’il faille saisir l’objet dont il y a public pour pouvoir discerner ce dernier » (ESQUENAZI Jean Pierre, 2003). Il faut donc saisir l’objet dont il y a public, c’est-à-dire dans notre cas les espaces verts urbains pour pouvoir discerner le public. A l’inverse, le fait de caractériser l’usager de l’espace en question permet de comprendre l’espace. Par conséquent, l’enquête sociologique constitue une approche nécessaire car « La sociologie des publics a un rapport inévitable avec les enquêtes statistiques » (ESQUENAZI Jean-Pierre, 2003). Cependant, ces enquêtes ne correspondent pas à une fin en soi puisqu’elles ne se suffisent pas. « Nous proposerons un autre regard sur ces enquêtes, qui les envisage non comme une solution mais comme un point de départ » (ESQUENAZI Jean-Pierre, 2003) : « Il est donc tentant de les considérer [les enquêtes] justement comme un point d’origine : elles peuvent nous dire comment s’approcher des problèmes de la définition des publics, comment poser des questions pertinentes ; elles peuvent nous dire ce qu’il faut effectivement chercher » (ESQUENAZI Jean-Pierre, 2003). C’est ainsi qu’il est nécessaire de mettre en place une méthodologie pertinente (par exemple un questionnaire) et ensuite une analyse pertinente et approfondie afin de tendre vers la volonté de Michel Souchon : « un usage simple mais fin de catégories statistiques permet d’obtenir des résultats d’une grande subtilité » (ESQUENAZI Jean-Pierre, 2003).
Par ailleurs, il est mis en avant, concernant les études sociologiques liées à l’utilisation de la télévision, que « les enquêtes ne répondent jamais à la question « Pourquoi ? ». Le sens des choix des publics, de ses interprétations, n’est ni quantifiable ni même accessible. Les tentatives les plus raffinées en ce sens, celles des instituts de calcul de l’audience télévisuelle, butent sur des problèmes insurmontables lorsqu’il s’agit d’identifier précisément la signification des préférences des téléspectateurs. » (ESQUENAZI Jean-Pierre, 2003). Cette idée est intéressante à développer. Pour le cas spécifique de la télévision, cette difficulté est compréhensible compte tenu de l’impossibilité d’interroger les « utilisateurs » de la télévision. En revanche, pour les espaces verts urbains, il est plus facile de justifier l’utilisation du lieu : soit par l’observation directe, une méthode souvent utilisée qui permet de voir qu’une personne est présente pour telle activité, soit par des questionnaires auprès des populations utilisatrices du lieu qui expriment elles mêmes cet usage.
Cette démarche constitue une obligation afin de comprendre un lieu. C’est ainsi que plusieurs études existent concernant l’usage des espaces publics en général et des espaces verts en particulier.
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Table des matières
Introduction
Partie A – Mise en place et évolution de la réflexion
1) Les espaces verts urbains et les pratiques sociales
2) Un travail de terrain spécifique sur les espaces publics urbains
3) La notion de rayonnement d’un espace
4) Questionnement et hypothèses de travail
Partie B – Choix des terrains d’études et de la méthodologie
1) Une première approche des espaces verts urbains sélectionnés
2) Des objectifs spécifiques à atteindre pour ces espaces verts urbains
3) La méthodologie retenue : le questionnaire
4) Méthode d’analyse : Mise en place d’indicateurs
5) Limites du questionnaire réalisé
Partie C – Analyse des questionnaires et vérification des hypothèses de travail
1) Le cas des Jardins Familiaux de Tours
2) Le cas du Jardin de Lazenay de Bourges
3) Vérification des hypothèses de travail
Conclusion
Bibliographie
Table des illustrations
Table des matières
Annexe
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